Culture - Croyances


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Voiture à cheval d’antan à Can Tho
Date: 07/01/2019

D’après “Petit cours de Géographie de la Basse - Cochinchine”(1) : Vers 1875, en Basse- Cochinchine, la circulation routière était très peu développée, les transports se faisaient principalement par la force de l’homme et du cheval. Au début du XX siècle, la voiture à cheval était le moyen le plus populaire en Cochinchine surtout dans la région Sai Gon - Gia Dinh et certaines provinces de l’Ouest comme Can Tho, Go Cong, My Tho, Ben Tre...
La voiture à cheval incarnée à la villégiature (Cần Thơ). Photo: Kiều Mai

Xe ngựa - xe thổ mộ (voiture à cheval)

Son nom était différent d’une région à d’autres. Pour les habitants de Sai Gon - Gia Dinh, c’était une « xe thổ mộ » (voiture trainée par un cheval) tandis qu’à l’Ouest, il s’agissait d’un « xe ngựa » (voiture à cheval). Selon les gens de Can Tho, c’était une deux roues pratique qui pouvait transporter à la fois plusieurs personnes et marchandises. (2). Il est intéressant de  savoir qu’en région Bay Nui - An Giang, il y a plus de cent ans, la notion « véhicule » était étranger aux habitants. C’est pour cela qu’on disait « monter à cheval, monter à bœuf » au lieu de « prendre une voiture à cheval, à bœuf ».

Inspirée de la voiture à deux chevaux en France, “xe thổ mộ » a été rénovée pour s’adapter aux reliefs du pays et aux goûts de ses habitants. Etant venu à Sai Gon, Tan Da (grand poète du XX siècle), amateur de ce moyen de déplacement, en a loué un pour se promener avec sa famille au prix de 2 VND de l’heure. “Je pense à Sai Gon avec le goût du Panga, la voiture à cheval et la tasse de thé du salon Nhat Thien” (3). En 1918, ayant visité la Cochinchine, Pham Quynh (mandarin et écrivain vietnamien du XX siècle) a aussi vécu cette expérience.

L’origine du mot « thổ mộ » reste polémique jusqu’à l’heure actuelle. Dans “Lexique du Sud”, Vuong Hong Sen a expliqué: “Thổ mộ est une voiture à cheval unique et sert à transporter les passagers et marchandises dans les banlieues de Sai Gon - Cho Lon - Lai Thieu…Nombreuses personnes croient que son nom s’explique par la forme du toit ressemblant à un tombeau (« mộ»). Les Français, quant à eux,  l’appelaient “boite d’allumettes”. Il serait possible que, pour éviter le mot « tombeau »- mot tabou, les gens de l’Ouest l’appellent « xe ngựa » (véhicule à cheval).

Can Tho au temps des voitures à cheval

« Chorographie de Can Tho” l’a évoqué: “En 1930, dans certains marchés aux alentours de Can Tho comme Binh Thuy, Cai Rang, on se déplaçait principalement en voiture à cheval. Ce moyen apparut à Sai Gon en 1920 et se répandit en Basse- Cochinchine en 1930. Les trois lignes de voiture à cheval furent ouvertes à Can Tho : Binh Thuy - Can Tho ; Lo Te Cau Van - Cai Khe et Cai Rang - Can Tho après l’inauguration du bac Can Tho en 1918 et le développement routier par le gouvernement français. 

Le croquis de la pharmacie  Bui Van Sach et le cinéma Casino où il y avait les va-et-vient des voitures à cheval 50 ans auparavant (Photo archivée).

Les roues de Xe ngựa Can Tho étaient au début en bois puis en caoutchouc. Certaines voitures à cheval étaient munies d’un toit ouvrant en toile ou en bois avec un carrosse plus long et plus large facilitant le chargement des marchandises ; d’autres étaient sans toit. Les familles riches possédaient des 4 roues du style français, munies des coussins pour des passagers bourgeois. D’autre part, certaines familles aisées au quartier de Binh Thuy se déplaçaient en voiture à cheval privée au design luxueux et sophistiqué.

Le cocher, celui qui tient la bride du cheval, (xà ích en Vietnamien) (4) klaxonnait souvent. Le son du klaxon, le bruit des clochettes, le hennissement et les pas de cheval créaient une symphonie harmonieuse. “La musique de la voiture à cheval  invite les passagers effectuant le même trajet vers leur village natal” (Chanson populaire).

Pendant les années 1950, la ligne Binh Thuy - marché de Can Tho était la plus fréquentée avec 5-6 hippomobiles par jour desservant les stations Cho Moi - Nga Tu et le marché de Binh Thuy. Les marchandises transportées étaient en général des fruits, des légumes, des volailles, des poissons. La plupart des calèches partaient vers 4 - 5 heures et arrivaient à l’aurore. Les 3, 4 carrosses qui assuraient la ligne Lo Te - Can Tho étaient souvent chargées parce qu’elles passaient par Lo Te - Cau Van où il y avait nombreux vergers. Chaque nuit, d’une heure à trois heures, les paysans, paniers de fruits sur la tête, flambeaux de feuilles de cocotiers en main, se dirigeaient vers Cau Van pour le chargement des voitures à cheval. Les 3, 4 autres faisaient l’aller - retour pont de Cai Rang - Can Tho pour les clients de Phong Dien, My Khanh, Cai Son, Ba Lang.

Pendant ma petite enfance, j’accompagnais ma mère au marché en voiture à cheval sur la route pierreuse de Lo Te accidentée et déserte dans l’obscurité. On n’entendait que la musique des clochettes et les pas du cheval. Les voitures à cheval se chargeaient aussi de la publicité pour le cinéma et le théâtre de cải lương. Les enfants couraient après pour demander les dépliants.        

La plupart des voitures à cheval à destination du marché de Cantho déposaient les passagers à la rue Hang Ba Dau (Nguyen An Ninh actuelle), ou à la rue Saintenoy (Ngo Quyen actuelle), parfois à Le Thanh Ton, près du cinéma Lido tandis que le terminus de celles qui reliaient Lo Te - Cau Van était le marché de Cai Khe, rue Nguyen Trai (ce marché a été déplacé). En général, ce véhicule était très pratique à l’époque, on pouvait monter et descendre à n’importe quel endroit.

Depuis 1955, les Lambretta et Dahaitsu ont remplacé peu à peu les voitures à cheval. Au début des années 1960, certains propriétaires ont dit adieu à leurs chers chevaux. Vers 1965, avec l’importation massive des deux roues japonaises de marque Honda et le service des « xe lôi máy » (sorte de cyclos- pousse tirés par une moto), les xe ngựa ont officiellement achevé leur rôle historique.

L’image affectueuse des voitures à cheval - le premier moyen de transport routier chez nous - sur les routes rurales ou dans les rues urbaines reste encore dans les souvenirs des personnes âgées, bien qu’il s’agisse d’un passé lointain.

Quoi qu’il en soit : les voitures en bois ou les calèches à deux chevaux luxueuses aux portières vitrées, les xe ngựa de l’Ouest reflète vivement l’adaptation de l’homme à l’environnement naturel et social. C’est le design créatif varié qui offre des valeurs culturelles de transport de chaque région.

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Notes:

1. “Nam kỳ lục tỉnh dư địa chí” - traduction de Vuong Hong Sen.

2. Documents du Comité provincial du Parti communiste et du Comité populaire de Can Tho, 2002, page 415.

3. Poème de Tan Da. Nhat Thien : enseigne d’un grand restaurant chinois à Cho Lon.

4. Xà ích: cocher, celui qui tient la bride du cheval. Les gens du sud l’appelaient selon le son malaisien « sais » qu’utilisaient les Français à l’époque.

Bibliographie:

1. Địa chí Cần Thơ (Géographie descriptive de Can Tho), Comité provincial du Parti communiste et Comité populaire de Can Tho.

2. Tự vị tiếng nói miền Nam (Lexique du Sud), Vương Hồng Sển, Editions Trẻ.

3. Một thời xe ngựa Cần Thơ  (Cần Thơ au temps des voitures à cheval), Lê Ngọc Miên.

4. Gò Công… Vọng tiếng đất lành (Gò Công….fameuse terre sereine), Phan Thanh Sắc, Editions Phương Đông.


Hoai Phuong - Traduit par Trung Vu


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